Anatomie d'une prise de vue | ‘The Gorge’ : Création de l'explosion

Chaque plan raconte une histoire. Dans The Gorge, une séquence avait le pouvoir de mettre fin à toutes les histoires. Cette édition de The Anatomy of a Shot (L'anatomie d'un plan) se penche sur le crescendo nucléaire qui met fin à l'univers du film de manière époustouflante et oblitérante et écoute Markus Drayss, Lead FX TD, expliquer comment tout s'est mis en place.

The Gorge suit deux agents d'élite de camps opposés qui se retrouvent à combattre le même ennemi et l'un contre l'autre, jusqu'à ce qu'une menace commune les oblige à unir leurs forces. Il s'agit d'une histoire de survie aux enjeux et à l'impact considérables, et notre travail devait être à la hauteur de cette échelle.

Des forêts denses aux poursuites en quadrocoptère en passant par les tours doubles massives des gorges, DNEG a créé un environnement photoréaliste entièrement numérique qui évolue au fil des saisons et se termine par un coup de théâtre inoubliable. La séquence finale voit une vague de bombes occultantes s'accumuler jusqu'à une explosion nucléaire colossale qui déchire l'environnement à travers de multiples plans larges et rapprochés. C'est le début de la destruction.

Markus nous explique ce qu'il a fallu faire pour simuler un tel niveau de destruction tout en restant réaliste, évolutif et surtout cinématographique.

À propos du projet, Makrus a déclaré, “Nous voulions que le projet ait l'air massif, mais qu'il puisse être dirigé artistiquement - chaque moment devait être au service de l'histoire et du montage. Les explosions de l'occultation ont contribué à renforcer la tension et l'échelle, de sorte qu'au moment où la bombe atomique frappe, vous ressentez vraiment le poids de ce qui se prépare.”>

Des images réelles à la détonation digitale

Avant d'atteindre le point culminant, revenons à la genèse du projet. Créer une explosion nucléaire qui donne une impression de justesse est un exercice d'équilibre entre le réalisme et les attentes du public.

Notre équipe s'est inspirée de séquences historiques d'essais nucléaires américains, des champignons atomiques aux ondes de choc en expansion rapide, en passant par les arbres pliant sous une pression immense et les formations nuageuses sphériques. Mais nous avons rapidement appris que ce qui semble réel sur une bobine d'essai ne l'est pas toujours à l'écran.

“Les séquences nucléaires réelles sont souvent surexposées, filmées avec des caméras à grande vitesse et des filtres pour gérer la luminosité. Une représentation vraiment réaliste entraînerait une surexposition extrême, mais pour répondre aux attentes du public sur ce à quoi une explosion nucléaire « devrait » ressembler, nous avons délibérément équilibré les niveaux d'exposition”

Et il y a eu un autre problème : la physique. Une véritable explosion à l'intérieur d'une gorge étroite se comporterait très différemment en raison des réflexions de pression. Mais ici, l'impact visuel a pris le pas sur la stricte exactitude physique.

“Nous avons fait des choix délibérés. Par exemple, nous avons utilisé des rampes de vitesse une fois que le nuage est apparu, et l'épais brouillard dans la gorge nous a permis de cacher certaines parties de la simulation, ce qui a permis d'économiser des ressources tout en améliorant l'ambiance.”

Intégration harmonieuse

L'un des aspects les plus critiques de la séquence ? Faire en sorte que l'explosion s'inscrive dans le monde que nous avions construit. Pour cela, il fallait plus qu'une bonne simulation, il fallait une interaction dynamique avec l'environnement.

“L'onde de choc était essentielle : elle ne s'est pas contentée de s'étendre, elle a soulevé la poussière du terrain, plié des milliers d'arbres et donné vie à la scène. L'éclairage interactif a projeté des ombres vacillantes et des reflets lumineux dans les gorges, intégrant l'explosion dans la scène à tous les niveaux.”

Pour gérer l'ampleur de l'effet, l'équipe a divisé la simulation en morceaux gérables, en utilisant des simulations à haute résolution pour les gros plans et des simulations à plus faible résolution pour les plans plus larges, et en les fusionnant avant le rendu. Cette approche modulaire a permis de contrôler les performances tout en permettant d'obtenir des détails méticuleux là où c'était le plus important.

Construction de la perche

Le processus a commencé par des éléments de prévisualisation et de placement, qui ont aidé les maquettistes et les monteurs à bloquer la séquence dès le début. À partir de là, l'équipe FX a exploré les variations du rayon de l'explosion, le timing de l'onde de choc et le comportement du champignon atomique.

“Nous avons adopté un processus itératif impliquant de nombreux tests et améliorations. Dès le début du développement, nous avons fourni au client des planches contact illustrant les variations d'échelle, de vitesse et de portée de l'explosion, ce qui l'a aidé à déterminer l'approche préférée. En outre, des marqueurs statiques ont été introduits dès les premières étapes de la mise en page, ce qui a permis d'optimiser la configuration des plans et le travail de mise en page avant d'incorporer les éléments VFX proprement dits.”

Le résultat est une apothéose obsédante et impressionnante où l'énergie, la lumière et la destruction se déchaînent sur un paysage numérique d'une beauté terrifiante. C'est un rappel de ce que les effets visuels peuvent faire lorsque l'art, la physique et la narration entrent en collision.

La Gorge n'est pas tranquille. Elle rugit, elle ondule, elle détruit. Et derrière cette destruction, une équipe internationale d'artistes, de techniciens et de conteurs a donné vie à chaque détail... et à la cendre.

Chez DNEG, nous vivons pour le défi de construire des mondes... et parfois, pour le frisson de les faire exploser. Ce fut l'une de ces occasions. Restez à l'écoute pour notre analyse complète des effets visuels !