Paul Franklin, vous êtes le Directeur Artistique de DNEG, vous avez travaillé sur des dizaines de films emblématiques comme la trilogie ‘The Dark Knight’, ‘Inception’, ‘Interstellar’ et bien d’autres. Il y a deux ans, vous avez travaillé sur ‘Venom’, l’un des anti-héros les plus iconiques de l’univers Marvel. Aujourd’hui, nous aimerions poser un nouveau regard sur le projet et ce qu’il signifiait pour vous.
Comment vous préparez-vous pour un projet comme ‘Venom’? Quelles sont vos sources d’inspiration?
Ce qui est épatant avec Venom, c’est la richesse du matériel de référence dans les bandes dessinées originales. Il est fascinant de voir comment différents artistes ont approché le personnage pendant plus d’une trentaine d’années, chaque fois d’une manière absolument unique qui amenait une nouvelle dimension et de plus en plus de profondeur au personnage. Nous devions rendre ces visions réalistes, leur insuffler une réalité dans l’espace, comme si Venom était vraiment présent lorsque la caméra tournait. Pour cela, nous nous sommes inspirés d’un grand éventail de sources du monde réel, entre autres, de plusieurs créatures marines, des vers et tout ce qui pouvait rappeler l’aspect visqueux de Venom! C’était très amusant.
Vous avez travaillé sur une variété de projets pendant votre carrière. Quels éléments sont essentiels afin de créer une bonne adaptation cinématographique d’une bande dessinée selon vous?
La chose la plus importante à prendre en compte est qu’une adaptation n’est pas une reproduction verbatim du personnage et de son monde sur le grand écran. On doit penser à toutes les façons dont le personnage a été représenté au fil des ans à travers différentes visions artistiques et traduire cela en un personnage dynamique et adapté au cinéma, qui peut prendre forme et interagir avec le reste de la distribution.
Qu’avez-vous appris en travaillant sur ce projet?
Que Venom a toujours faim! Mais sérieusement, j’ai pu voir à quel point les fans sont passionnés par Venom, et leur engouement nous a poussé à faire de notre mieux afin d’honorer l’essence des bandes dessinées tout en créant quelque chose qui pourrait être divertissant et engageant pour les gens qui ne connaissaient pas le symbiote à la base.
Combien de temps le projet a-t-il duré et de quelle taille était votre équipe?
Je me suis joint au projet en mai 2017 et nous avons livré le show à la fin septembre 2018, donc environ 17 mois pour moi. Au total, près de 1500 personnes ont travaillé sur les effets visuels du film.
Quels sont les plus grands défis en terme d’effets visuels pour une production comme Venom?
Le plus grand défi auquel nous avons fait face était la représentation physique de Venom à l’écran et ensuite expliquer et faire vivre cette vision auprès des membres de la distribution et de la production. Nous avons utilisé des méthodes standards comme des repères au bout de bâton, mais nous avions aussi une doublure qui mesurait plus de deux mètres et que l’on a rendu encore plus grand en lui faisant porter un chapeau spécial pour nous donner une référence physique sur le plateau.
Pouvez-vous nous parler de la relation entre les équipes d’effets pratiques et d’effets visuels sur le plateau de Venom?
Les meilleurs résultats sont toujours créés grâce à la collaboration étroite entre les effets visuels et les effets pratique. Plus spécifiquement, nous devions nous assurer de bien comprendre ce que les effets pratiques faisaient pour pouvoir bien adapter la performance de la créature digitale en post-production. L’autre aspect important était la collaboration avec l’équipe de cascadeurs. Ils ont créé des cascades absolument époustouflantes que nous devions soutenir avec des effets visuels afin d’amener l’élément déclencheur de la cascade, comme par exemple quand Venom attrape quelqu’un et le lance d’un bout à l’autre d’une pièce. La meilleure façon de faire est d’assurer une communication active et continue pour que tout le monde soit sur la même longueur d’onde sur ce que l’on doit voir à l’écran.
Quelle était votre scène préférée?
Ma scène préférée est probablement celle dans laquelle on voit Venom pour la première fois à la fin de la poursuite à moto. On voit la substance visqueuse sortir du corps d’Eddie et l’envelopper complètement, lui ruisseler sur le visage et lui bloquer la vue et pendant un instant on se demande ce qui se passe, mais rapidement, le tout prend forme et on voit les traits de Venom apparaître alors qu’il fait un grand sourire à la caméra. C’était super quand on a réussi cette scène!
Quelle était la scène la plus difficile et pourquoi?
Les scènes les plus difficiles étaient celles où Venom et Riot se battaient à la fin du film. Les deux entités se fondaient l’une dans l’autre dans un mélange de chair d’alien et à un moment on voit Eddie et Drake ressurgir des symbiotes et qui se battent pour leur vie. Beaucoup d’animations très complexes au centre de scènes semblables à un tableau abstrait de Jackson Pollock!
Avez-vous participé à la production du deuxième volet de Venom et si oui, comment?
J’ai prêté main forte à l’équipe. Je m’assure que tout soit en place afin que le second film soit aussi excitant que le premier et que nous allions encore plus loin dans la saga avec Eddie et son nouvel ami symbiote!
Pouvez-vous nous dire quelque chose que nous ne savons pas sur la production de Venom?
La soirée où nous avons filmé la scène où l’on révèle le visage de Venom pour la première fois, il faisait vraiment très froid, environ -6˚C. J’étais impressionné de voir Tom Hardy et le reste de l’équipe continuer sans laisser paraître leurs tremblements à la caméra. Pour ma part, je suis resté le plus près possible des lampes chauffantes!