« Le soutien de notre communauté est l’une des choses que je préfère de notre industrie, et j’ai eu des mentors extraordinaires lorsque j’ai commencé, alors j’ai hâte de rendre à la communauté cette expérience fraîchement acquise dans le domaine! »
– Manuel Rivoir, chef compositeur
Rencontrez l’un des juges des Rookie Awards de cette année, le chef compositeur de DNEG Manuel Rivoir!
Manuel est actuellement basé au bureau de DNEG à Londres. Pendant ses presque dix ans d’expérience, il a travaillé sur plusieurs superproductions à grande échelle, notamment Wonder Woman 1984, Guardians of the Galaxy Vol.2, Doctor Strange et Avengers. Plus récemment, Manuel a travaillé comme chef compositeur sur le dernier volet de la franchise The Matrix : The Matrix Resurrections.
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Bonjour Manuel! Dites-nous ce qui vous a amené dans le monde des effets visuels et de l’animation.
Je faisais partie de ces enfants agaçants qui, dès leur plus jeune âge, savent exactement ce qu’ils veulent faire et s’y tiennent. Je pense que tout a commencé par une VHS de Walking with Dinosaurs quand j’avais 8 ans. Je ne comprenais pas comment ils avaient réussi à convaincre tous ces méchants dinosaures d’accepter de participer au tournage du film, mais j’étais curieux de l’apprendre. Inutile de dire que le visionnage du reportage sur la production du film m’avait laissé encore plus perplexe, mais j’ai eu la piqûre. À partir de ce moment-là, j’ai regardé religieusement tous les reportages sur les coulisses de tournage qui me tombaient sous la main : The Lord of the Rings, Harry Potter, Star Wars, The Matrix, Peppa Pig… Tout! Et quand l’Internet moderne est arrivé et que j’ai commencé à regarder le héros de mon enfance, Andrew Kramer (un youtubeur connu sous le nom de « The After Effects Guru »), le vrai plaisir a commencé : mes amis ont été entraînés dans des centaines de courts métrages et de tests d’effets visuels embarrassants et désormais ringards.
Comment votre parcours a-t-il commencé? Pouvez-vous nous parler d’un moment fort de votre carrière jusqu’à présent?
J’ai eu le privilège d’être admis à l’Institut d’animation et d’effets visuels de l’académie Filmakademie Baden-Württemberg en Allemagne, une école de cinéma régulièrement classée parmi les meilleures au monde. Le réservoir de talent qui s’y trouve est absolument époustouflant et j’ai énormément appris de mes mentors et de mes camarades de classe.
C’est là-bas que j’ai entendu parler pour la première fois des Rookie Awards et que j’ai décidé de participer au concours. Je n’ai pas pu le croire quand j’ai reçu le coup de fil m’annonçant que j’avais gagné! Ensuite, tout s’est déroulé très vite : un autre appel du studio Framestore a suivi et quelques jours après, j’ai pris l’avion pour Londres afin de me joindre à son équipe. Et vous connaissez le reste!
Je pense que le point culminant de ma carrière a été de passer devant les fameux Stormtroopers noirs lors de mon premier jour chez Industrial Light & Magic. Les personnes qui y travaillent ont non seulement façonné l’ensemble de l’industrie des effets visuels il y a 40 ans, mais elles ont également inspiré toute une nouvelle génération de cinéastes comme moi. Mon moi de huit ans aurait probablement eu une crise cardiaque ce jour-là. Mon moi de trente ans a failli en avoir une!
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail?
Cela peut paraître incroyablement ringard, mais les amitiés que nous tissons en cours de route. <3
La réalisation d’un film est un énorme effort de collaboration, ce qui est particulièrement vrai pour les effets visuels, où des centaines de personnes travaillent ensemble dans un même but. Il n’y a pas de place pour un ego démesuré dans ce domaine et j’aime la façon dont tout le monde se serre les coudes pour partager les connaissances et échanger des idées créatives. Il en résulte généralement quelque chose de bien plus grand que la somme de ses parties, un résultat dont nous pouvons être à la fois fiers et impressionnés en tant que collectivité plutôt qu’en tant qu’individu.
Certains des meilleurs artistes du monde travaillent sur ces grands films et il est si facile de tenir leur participation pour acquise. En outre, vous vous amusez avec vos collègues tout en créant des choses passionnantes. Ce travail peut être difficile, mais au bout du compte, nous ne sauvons pas des vies, alors il n’y a pas de mal à s’amuser dans le processus!
Quel est le moment dont vous êtes le plus fier à ce jour?
Recevoir une note disant « Excellent travail, n’arrêtez pas » de James Gunn alors que tout le reste de l’équipe avait reçu le même commentaire : « Bon travail, n’arrêtez pas ». Est-ce que ça compte?
Sinon, ce serait probablement de regarder sur grand écran, dans toute sa splendeur, l’incroyable scène d’ouverture où Bébé Groot danse dans Guardians of the Galaxy Vol.2. C’était extrêmement délicat à réaliser, d’un point de vue technique comme créatif, mais j’ai l’impression que tout l’amour et le travail que l’ensemble de l’équipe chez Framestore et Marvel a mis dans ce plan ont vraiment porté fruit. C’était LE plan dont tout le monde parlait après la sortie du film et aujourd’hui encore, les gens s’en souviennent bien. J’ai l’impression que nous avons un peu marqué l’histoire du cinéma avec ce plan!
Quelle est la chose qui est toujours sur votre bureau quand vous travaillez?
Un gigantesque bol de porridge! Avec d’autres bols de porridge vides juste à côté. Je suis le genre de personne qui mâche constamment quelque chose en travaillant.
Pourquoi avez-vous choisi de vous impliquer dans les Rookie Awards?
Ayant moi-même été témoin des avantages des Rookie Awards lors de ma participation au concours, j’étais très enthousiaste à l’idée de faire partie du jury quand Andrew m’a contacté à ce sujet. Le soutien de notre communauté est l’une des choses que je préfère de notre industrie, et j’ai eu des mentors extraordinaires lorsque j’ai commencé, alors j’ai hâte de rendre à la communauté cette expérience fraîchement acquise dans le domaine!
De quel aspect des Rookie Awards avez-vous le plus hâte?
Toutes les soumissions! Ces dernières années, la qualité des participations a tout simplement explosé. Il est impressionnant de voir à quel point nous avons fait évoluer l’accès du grand public à des films d’animation de haute qualité. C’est une période extraordinaire pour les conteurs en ce moment et j’ai hâte de voir ce que chacun inventera!
Vous souvenez-vous d’avoir été un débutant dans le secteur? Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite faire carrière dans le secteur ou qui entame une carrière dans le domaine des effets visuels?
Je dirais : ne vous préoccupez pas trop de la maîtrise d’un logiciel particulier, mais allez plutôt dehors, soyez curieux et apprenez autant que vous le pouvez sur le monde qui vous entoure. Sans surprise, pour être en mesure de recréer une réalité plausible à partir de rien, il faut d’abord en comprendre les composantes. Comment une flamme se comporterait-elle en apesanteur? Comment devrait-on modifier l’anatomie d’un raton laveur pour qu’il puisse parler? Pourquoi la lumière se diffuse-t-elle si différemment à travers la fourrure d’un ours polaire et comment pouvons-nous recréer cela? Croyez-le ou non, la recherche de solutions à ce type de questions occupe la majeure partie de notre journée. En trouvant les réponses à ces questions, vous ne ferez pas qu’impressionner votre superviseur lors des épreuves de tournage, mais c’est aussi absolument indispensable pour créer un plan d’effets visuels crédible.
Terminez cette phrase : DNEG est…
…où la magie s’opère / où des amitiés se nouent / près de Regent’s Park / un endroit où il fait bon travailler!