Découvrez nos effets visuels en compagnie d’Anelia et de Jolene
Il y a un peu plus d’un mois, Netflix a sorti The School for Good and Evil. Basé sur la série de romans à succès écrite par Soman Chainani, le long-métrage fantastique raconte l’histoire de deux meilleures amies, Sophie et Agatha, qui sont emmenées jusqu’à une école magique pour les aspirants héros et vilains de contes de fées.
Une histoire aussi magique nécessitait des effets spéciaux tout particulièrement fantastiques et l’équipe de DNEG était plus qu’heureuse de répondre à l’appel ! Nous nous sommes entretenus avec Anelia Asparuhova (superviseure aux effets visuels) et Jolene McCaffrey (superviseure aux effets numériques) pour en découvrir davantage sur le travail qui se cache derrière la création de quelques-uns de leurs plans favoris.
Le Théâtre des contes
Nous aimons beaucoup la façon à laquelle le Théâtre des contes présente subtilement les contradictions entre les deux écoles. Pouvez-vous nous en dire plus sur le travail derrière la création de cette séquence ?
Anelia: Il s’agit de l’un des plans d’ambiance pour le Théâtre des contes. Les deux écoles se rassemblent pour la toute première fois, présentant les différences visuelles flagrantes entre elles : l’École du bien est colorée et illuminée, tandis que l’École du mal a des couleurs sombres. Notre tâche consistait à transformer le Théâtre des contes en un environnement plus atmosphérique et de lui donner un aspect plus intime, malgré l’immensité de l’espace. Nous avons allongé le mur arrière avec la sculpture de cygne de l’école et nous avons ajouté un plafond en panneaux de bois, des escaliers supplémentaires et des chandeliers en cristal qui sont assortis aux palettes de couleurs des deux côtés. Les rayons volumétriques ont été ajoutés à l’étape de la composition d’images. Afin que le tout demeure constant d’un plan à l’autre, nous devions nous assurer que la superposition des rayons semble réaliste aux côtés des chandeliers en 3D et des éléments du plan.
Jolene: Nous devions personnaliser l’environnement de l’école, et ajouter des détails scolaires, des emblèmes et des chandeliers, dans un style baroque décadent et énigmatique qui représenterait le mystère et l’intrigue des deux écoles. Les rayons volumétriques ont été ajoutés à tous les plans et devaient être superposés correctement entre les objets et à travers la géométrie de la salle. Notre équipe à la composition d’images a réussi à demeurer agile et à maintenir une constance entre les plans, tandis que nous apportions des modifications à l’ambiance de la salle.
Le combat avec le cyclope
Beaucoup de choses se passent dans ce plan, avez-vous eu à surmonter des défis créatifs au cours de sa création?
Anelia: Ce plan fait partie de la scène où Tedros est mis au défi par un cyclope féroce de l’École du mal. La directrice de l’École du mal, Lady Lesso, enflamme la hache du cyclope pour lui donner un avantage lors du combat. Travailler sur le visage du cyclope était un défi amusant ! Normalement, les sourcils d’un visage humain aident grandement à exprimer des émotions telles que la colère et la rage. Se limiter à un seul sourcil, qui se trouve sur le visage d’un personnage qui est particulièrement en colère, n’a pas été chose facile. Nous avons ajouté du feu et de la braise à la hache pour la bonne majorité du combat, en plus d’allonger le décor à l’aide d’un mur et d’un plafond numériques.
Jolene: En plus du travail sur l’environnement du combat du cyclope, nous avons retravaillé et refait l’animation du visage du personnage. Cela représentait un défi en soi, puisque nous sommes habitués à lire des expressions sur un visage ayant deux yeux et deux sourcils ! Travaillant de très près avec les équipes à la construction et à l’animation, nous avons conçu une gamme complète d’expressions pour le cyclope. Toutefois, nous n’avons droit qu’à un simple aperçu de cette gamme d’émotions lorsque le personnage est en mode attaque. Les caractéristiques faciales, les tatouages et les cheveux ont été combinés aux plans réels grâce aux équipes attitrées aux textures et au pelage. Pour la hache de guerre, nous avons ajouté le moment où elle s’enflamme, remplacé la hache pour donner un reflet blanc incandescent au métal et ajouté les flammes et les étincelles qui s’animent et réagissent lorsque le cyclope donne des coups de hache en direction de Tedros.
La transformation de Sophie
C’est un moment très important du film, comment l’avez-vous créé?
Anelia: C’est le plan le plus important, celui où Sophie se transforme pendant le combat entre le bien et le mal. Notre département artistique a trouvé quelques idées sur la façon à laquelle le mal pouvait quitter le corps de Sophie, tout en tentant de trouver une allure qui raconterait l’histoire de manière convaincante et visuellement esthétique. Le défi était de faire bouger de façon réaliste la simulation d’effets qui recouvrent son corps et qu’elle semble être intégrée à sa peau et à son linge. Nous avons finalement fait couler la palette de couleurs en une simulation de particules grâce à un mélange d’effets et de tours de compositions d’images.
Jolene: Le réalisateur souhaitait que le mal ait l’air d’être déchiré de sur Sophie. Notre équipe aux effets a créé de magnifiques particules aériennes. Nous pouvions par la suite ajuster le volume et la durée de celles-ci. Notre équipe à la composition d’images a habilement superposé ces éléments dans le but d’obtenir l’équilibre précis nécessaire à la narration. Nous avons combiné plusieurs tours et techniques, provenant de nombreuses années d’expérience, pour créer un mélange unique. Nous avons également ajouté de la braise qui s’enflamme au fur et à mesure que la magie se transforme.
La magie sanguine de Sophie
Le mouvement de la magie sanguine de Sophie est incroyable dans ce plan ! Comment avez-vous décidé de quoi devrait avoir l’air sa magie?
Anelia: La magie sanguine était ce qui définissait Sophie à travers sa transformation. Elle devait donc refléter son état et ses émotions. L’équipe du projet souhaitait créer un effet de magie qui aurait l’air magnifique et impitoyable à la fois, tout comme sa protagoniste. Nous avons créé une grande gamme de simulations : le liquide subtil et la traînée de particules que l’on aperçoit dans le plan, un jet puissant qui propulse les gens vers l’arrière et une onde de choc sanguine qui inonde une pièce entière.
Jolene: La magie sanguine de Sophie se devait d’être vilaine, mystérieuse et puissante, mais le réalisateur ne voulait pas qu’elle soit trop sanglante ! Lorsque Sophie se sent enjouée, sa magie a une caractéristique liquide qui se disperse en une fumée persistante. Lorsqu’elle est très en colère, elle envoie une énorme quantité de sa magie sanguine qui apparaît comme une explosion turbulente détruisant tout sur son passage. C’était amusant de créer l’impact des coups qu’elle envoie ! Nous avons réussi à garder les caractéristiques importantes et l’aspect, peu importe l’état de sa magie. Personnellement, j’aime beaucoup la traînée de magie sanguine persistante qui s’élève et flotte tout autour.
La boule de chocolat enflammée de Dot
On dirait bien que vous avez eu beaucoup de plaisir avec ce plan ! Aviez-vous hâte de travailler dessus?
Anelia: Dans ce plan, Dot utilise ses pouvoirs de conjuration de chocolat pour causer des ravages lors du combat. « Nous devons créer une boule de chocolat enflammée » est possiblement la demande la plus amusante que j’ai reçue dans ma carrière ! C’était un défi créatif très amusant à surmonter. Nous avons exploré différentes solutions, jusqu’à ce que nous trouvions la recette parfaite d’un mélange de chocolat noir et de chocolat au lait qui contenait une dose suffisante de flammes et de fondant pour pouvoir y contenir une boule de feu. Ma consommation de chocolat a augmenté drastiquement pendant cette période!
Jolene: Pour le feu chocolaté, nous sommes partis de zéro. Il nous fallait un effet magique, spécifiquement créé pour Dot, qui commence en tant que liquide chocolaté froid, pour ensuite devenir plus solide et qui s’enflamme finalement en une boule de feu dangereuse ! Non seulement son mouvement et son aspect représentaient du jamais vu, mais nous devions également résoudre plusieurs changements d’états de la matière. Pour les effets de ce genre, vous n’avez d’autre choix que de tester différentes choses et de combiner différents éléments pour trouver ce qui fonctionne le mieux. Créer des effets visuels à partir de rien est un défi et une récompense en soi, puisque nous créons de nouvelles images excitantes dans le but d’accomplir la tâche.
Le mur de feu
Fire FX can be tricky to get right, how did you achieve it in this shot?
Anelia: Dans ce plan, la boule de chocolat enflammée de Dot crée un grand mur de feu qui empêche les garçons de l’École du bien de s’approcher. Nous avons quadruplé le feu réel grâce à une simulation d’effets et avons utilisé des tours de compositions d’images, tels que de la distorsion de chaleur, des éclats et du maculage de lentille, pour donner une impression de chaleur vive à ce plan. Je me rappelle lorsque cette scène a joué dans la salle de visionnement… je me suis dit « Ouah ! Ça a l’air très CHAUD ! » C’était donc mission accomplie!
Jolene: Notre équipe aux effets a habilement fait correspondre le mouvement et la qualité de notre feu infographique à celui du plan original. De plus, l’équipe a aussi été capable de manier la forme et le style du mur de manière à créer le moment où celui-ci s’élève dans le plan, tout en s’assurant que les points narratifs importants étaient encore visibles. Le réalisateur avait une vision très précise du moment où le feu se sépare lorsque Tedros passe à travers les flammes et quitte la scène. C’est quelque chose qui n’aurait pas pu être réalisé sans la magie des effets visuels ! C’est ce qui est bien avec les effets, par contre : l’impossible devient possible ! Je suis très fière de l’allure du feu. Avant, les flammes étaient beaucoup plus dures à concevoir de façon réussie, mais je crois que nos équipes aux effets et à la composition d’images ont fait un travail fantastique ici!
La magie d’Anadil
Dans le film, chacun des personnages a sa propre magie. Comment avez-vous créé celle d’Anadil?
Anelia: Dans ce plan, on voit Anadil en pleine action, utilisant sa magie pour arrêter des lances en plein mouvement qui menacent de blesser son amie. Le département artistique et l’équipe aux effets ont réussi à surmonter le défi de donner une allure précise à chacun des pouvoirs magiques des personnages. Nous avons tenu à garder les autres pouvoirs plus légers et espiègles, en comparaison à la dangereuse et sombre magie sanguine de Sophie. Tous les pouvoirs ont été créés en combinant des simulations d’effets de particules et des tours de compositions d’images.
Jolene: Les instructions que nous avions reçues pour la magie d’Anadil étaient qu’elle devait ressembler à une étoile rayonnante ou à une constellation. Ça représentait une bonne occasion d’utiliser une palette de couleurs différente. De plus, j’aimais beaucoup le contraste que ça créait dans les plans, la variation de couleur à l’intérieur de la magie et la lumière qui se répand dans l’environnement.
Une dernière question pour vous deux ! Si vous étiez transportées jusqu’à L’École du bien et du mal, seriez-vous dans l’École du bien ou dans l’École du mal?
Anelia: Assurément dans l’École du mal ! Je choisis les mauvais tours à la place de la couture, sans hésiter!
Jolene: Mon âme serait sans aucun doute dans l’École du bien, mais pour le style et les fêtes, je serais dans l’École du mal ! Néanmoins, comme le dit si bien le film : « Ouvrez bien les yeux, car les choses ne sont pas toujours telles qu’elles semblent être… »
Anelia et Jolene, merci pour votre temps. Ce fut incroyable d’en découvrir plus sur le travail impressionnant que vous avez accompli pour créer ce film magique. Quant à nous, nous allons voir si nous sommes en mesure de recréer la boule de chocolat enflammée…*
*Mise en garde : S’il vous plaît, n’essayez pas de créer une boule de chocolat enflammée à la maison !